Les bouchons et leur fabrication
Histoire du bouchon de liège
Durant l'antiquité, l'utilisation du liège est liée à la vie courante dans des domaines aussi divers que la pêche (flotteurs pour les filets), la fabrication de sandales et de bouchons pour amphores. Suite au déclin de l'empire romain et à l'utilisation du fût par les Gaulois, le liège tomba dans l'oubli. Dom Pérignon, moine bénédictin de l'abbaye d'Hautvilliers, redécouvre ses propriétés et l'utilise pour obturer les bouteilles en mettant au point le processus de champagnisation. Le bouchon est né et va être utilisé jusqu'à nos jours.
Le liège
Le chêne-liège ou Quercus Suber est de la famille
des phagacées. Il est apparu il y a plus de 60 millions
d'années.
Introduit en France lors des pèlerinages en Espagne, le
liège provient des chênes-lièges que l'on trouve
principalement dans les Landes et le bassin méditerranéen.
Les facteurs d'environnement adéquats pour une bonne croissance,
sont plus directement liés à la fertilité de la
terre qu'aux variations climatiques. Ainsi, plus un terrain
reçoit une bonne exposition, plus il sera fertile et humide
(façade atlantique), et plus il produira un liège à
pousse rapide, avec une élasticité renforcée et une
densité moindre.
En revanche, les chênes accrochés sur des terres arides et
maigres ou sur des crêtes, produiront un liège plus nerveux
et dense. A chaque région son liège, et à chaque
liège son utilisation.
La surface plantée de chênes-lièges dépasse
les 2 millions d'hectares, dont 700.000 se trouvent au Portugal. Sur une
production annuelle de 230.000 tonnes à lui seul, le Portugal
fournit 60% du stock annuel mondial.
Un hectare de chênes-lièges fournit de 80 à 120 kg
de liège tous les 10 ans, avec lesquels on peut fabriquer 10.000
à 15.000 bouchons. Au total dans le monde, il est produit 340 000
tonnes.
Il faut beaucoup de temps au liège pour croître. La
première levée s'opère après 25 à 30
ans, elle consiste en un liège naturel, dur et crevassé
appelé chêne mâle. Ce liège, peu
élastique, convient pour la fabrication des
agglomérés. Puis, une quinzaine d'année plus tard
la première écorce femelle pointe son nez, mais il faudra
attendre une bonne trentaine d'année pour obtenir une
première levée de liège femelle, par cycle de 10
à 15 ans, pour environ 12 à 15 récoltes
successives.
Le bouchon de liège
Un bon bouchon se juge à sa souplesse, sa
compressibilité, son élasticité et son
imperméabilité. Sa structure aérée contient
un gaz à base d'oxygène et d'azote qui occupe 85% du
volume des cellules. C'est la présence de ce gaz, qui augmente le
volume général et explique les excellentes qualités
mécaniques et physiques du liége.
Un bon bouchon à peu de piqûres, une teinte blonde et une
certaine douceur au toucher. Ses arêtes sont sans défaut.
Le choix du bouchon est souvent déterminé par le type de
vin et la durée de conservation. Ainsi il est conseillé
d'utiliser des lièges de montagnes, fermes et toniques pour les
vins de garde et les vins effervescents, et de préférer
les lièges souples pour les petits vins primeurs.
Les plus longs sont aussi les meilleurs, indices d'un très beau
liège, ils seront réservés aux vins de
qualité. Garant d'une étanchéité
supérieure ils permettent un vieillissement plus long et sont
l'image de la renommée d'un vigneron.
La longueur oscille entre 45mm et 50mm dans les Bourgogne pour atteindre
les 53mm pour certains Bordeaux. La qualité est fonction de la
matière première, et les meilleurs bouchons proviennent
d'Espagne et du Portugal.
La récolte du liège
La récolte se fait tous les 10 à 15 ans, du 15 juin
au 15 août. Il ne faut pas procéder à la
récolte trop tôt, l'arbre étant sensible au gel sans
son écorce.
L'opération se nomme démasclage. Le liège est
récolté par les écorceurs. Leur hache doit couper
assez pour fendre le liège sans écraser la nouvelle
écorce qui est au-dessous car le liège ne se reformerait
pas sur la blessure.
Le séchage
Suite à cela, le liège est mis à
sécher. S'il n'est pas sec, le liège suinterait lors du
bouillage et il ne gonflerait pas. Sur le bouchon, il se formerait alors
un dépôt verdâtre ou blanchâtre. Les planches
récoltées sont alors mises en piles sur une durée
de 12 à 18 mois pour permettre au liège de s'affiner par
oxydation.
Le lessivage par les pluies naturelles permet d'éliminer une
partie des tanins et de la sève. Les planches sont ensuite
pré-triées. Cette étape est extrêmement
importante pour la qualité du bouchon final.
Le bouillage
L'opération permet de rendre ce liège malléable pour pouvoir le travailler et aussi de l'aseptiser, de tuer les insectes du chêne-liège, à savoir :
- Le Grand Capricorne
- La Fourmi du liège
- Le Bombyx disparate
- La Tordeuse verte
- Le Carpocapse des glands
Le bouillage se fait en usine, dans l'eau bouillante pendant 1 heure. Il aide à sa dilation, la matière se gonflant d'environ 20 %. La propriété d'imperméabilité du liège fait qu'il ne reprend pas l'humidité perdue pendant le séchage.
Le liège est ensuite mûri durant 3 à 4 semaines dans des caves à hygrométrie constante, à l'abri de la lumière.
La fabrication
Après un tri sévère, les plaques sont
découpées en bandes dont la largeur représente la
hauteur du bouchon, 38 à 53 millimètres, le standard
étant de 44 millimètres.Une tubeuse est utilisée
pour façonner les bouchons. Grâce à des
emporte-pièce calibrés, elle perfore et découpe les
bouchons suivant le fil du liège. Les bouchons à
l'état brut sont ensuite poncés et rognés.
Les bouchons sont finalement lavés dans des bains successifs qui
vont les nettoyer, les aseptiser. Ils sont ensuite séchés
et triés suivant leurs qualités, à savoir :
- classe 1 à 3 (les meilleurs)
- classe 4 à 5
- classe 6 à 7 (les moins bons)
- densité et taille des lenticelles
- nature et épaisseur de la croûte
- nombre et épaisseur des veines
- poids et souplesse 240gr/m2
Les défauts des bouchons à proscrire sont :
- veine sèche
- fente
- insert de bois